Le colloque Nouveau monde, nouveau capitalisme qui avait à son ordre du jour Régulation, Gouvernance, Progrès vient de s’achever. un peu plus, avec la neige immaculée, on se serait cru au Colloque de Davos.
Introduite par le Président de la République et conclue par le Premier Ministre,François Fillon, cette rencontre a réuni, à l'invitation de Eric Besson, des gouvernants, des universitaires et de jeunes chercheurs du monde entier et des étudiants de quatres prestigieuses universités de Pekin, de Columbia, de la London School of Economics et de Sciences Po', venus débattre à Paris des transformations du capitalisme et de la manière dont la crise transforme aujourd’hui notre vision du monde et transforme le monde lui-même.
Nous avons pu entendre plusieurs économistes (dont les prix Nobel Amartya Sen et Joseph Stiglitz) et des ministres étrangers et français, qui ont pris la parole pour évoquer la manière dont la crise changeait notre vision du monde. Ils ont pu affirmer qu’il était important de saisir la crise comme une occasion : celle de ne plus répéter les mêmes erreurs ; celle, encore et surtout, de progresser réellement, efficacement, dans la création d’institutions de régulation internationale qui soient légitimes et représentatives, et qui soient efficaces.
Notre situation aujourd’hui est bien sûr paradoxale, puisque nos économies sont toutes interdépendantes mais que nos institutions politiques ne le sont pas. Ce paradoxe a été mis en lumière et mis en défaut par la crise. De sorte que le monde ne sortira véritablement de la crise que lorsqu’il sera doté d’institutions communes. Faute de cette initiative réellement « cosmopolitique », qui prendra du temps, nous ne progresserons plus.
Ce matin, Michel Rocard, ancien Premier Ministre français à brillament montré quelles pouvaient être les pistes de progrès. L'economiste Jean-Paul Fitoussi, qui a été la cheville ouvrière de la préparation de cette manifestation qui est devenu un must en la matière, a réuni autour d'Eic Besson, un panel dont on ne peut pas dire qu'il soit marqué , pour la plus part, par des visions conservatrices de l'évolution du Monde.
Il était heureux de constater combien, tous les participants ont rendu hommage à l'initiative française.
Je me suis amusé à mettre en parallèle les interventions d'ouverture du Premier Ministre socialiste portugais, José Socrates, et du Président de la République Nicolas Sarkoky. Elles étaient convergentes sur tous les points.
Si l'on met en perspective la qualité de ces interventions et le débat politique que concoivent les socialistes français, force est de constater, ce que nous ressentons depuis des années, à savoir que les socialistes français sont à mille années lumières des exigences du débat et de la réflexion politique qu'impose la situation, et qu'à ce rythme la il vaut mieux qu'ils restent dans l'opposition, le temps de se refaire, s'ils le peuvent, une santé.
En marge du colloque, j’ai eu l’occasion de discuter longuement de ces questions avec Michel Rocard ou avec Thione Niang, Président des Jeunes Démocrates-Pole Universités des Etats-Unis. A 31 ans, remarquable, il est le produit de la capacité américaine à intégrer et à promouvoir. Imaginez, Thione est d'origine sénégalaise. Arrivé aux USA en 2001, avec 20 UDS en poche et parlant peu anglais, il a adhéré à la nation américaine et a été détecté en 2006 par celui qui allait devenir le Président des Etats-Unis. N'y a-t-il pas matière à réflexion pour ceux qui refusent le débat sur l'identité Nationale, chez nous et sur la capacité de la Nation d'intégrer par la réussite, les jeunes de nos banlieues qui pour certains désespèrent.
J'ai pu écouter Joseph Stiglitz, qui m’expliquait combien les États-Unis, quoi que puisse souhaiter le Président Obama, auront du mal à prendre des initiatives institutionnelles. Le Congrès américain, de plus en plus hostile à Obama, n’est guère ouvert à la régulation financière et commerciale, pas plus qu’il n’est majoritairement disposé à prévenir les bulles financières ou les folies spéculatives qui nous ont pourtant conduits là où nous sommes aujourd’hui. Là d’où, selon J. Stiglitz, nous sommes bien loin d’être sortis. Du coup, expliquait-il à Nathalie Kosciusko-Morizet, l’Europe et les pays émergents sont appelés à prendre cette initiative. La donne internationale change, c’est indéniable. L’Europe doit continuer d’agir.
Tous les intervenants, de Celso Amorim, Ministre des relations extérieures de Brésil à Bozidar Delic, Vice-Premier Ministre de Serbie ou à Gamal Mubbarak Secrétaire général adjoint du Parti National Démocratique d' Egypte ont félicité le Gouvernement français pour son initiative d 'avant garde dans le débat du siècle nouveau, rappelant à la suite du président N.Sarkozy, que le rôle des politiques est d'abord l'action.
Mais à Paris, il n'y avait pas seulement la neige, mais aussi le soleil, annonciateur de sortie de crise?
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