Musiques Tangentes, une histoire née à Sèvres.

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Quand on entre à Musiques Tangentes, on sent qu’on n’est pas dans une institution rigide.
Il faut que les musiciens trouvent leur place dans cette société. Ils aimeraient être dans le développement durable mais comme ils le disent si bien « nous sommes dans la précarité durable ». La problématique, c’est d’arriver à ce que ça puisse se pérenniser. Connaissez vous l’histoire de Musiques Tangentes ?
Quand Musiques Tangentes s’est créée, les musiques actuelles en étaient à la préhistoire. Pour les locaux de répétitions, il n’y avait aucune structure, et pour l’apprentissage, il n’existait que deux structures dédiées à Paris. Musiques Tangentes s’est créée dans ce désert. Comme le raconte Bruno Mauguil « on était nous-mêmes musiciens et on a eu à subir le manque de structure, on était toujours en train de chercher un local pour pouvoir répéter et, quant à la pédagogie, il n’existait que des cours particuliers. C’était le cours du gars qui jouait de la guitare dans le quartier et c’est tout ». Ils partirent à deux…

Musiques Tangentes est née de la rencontre de deux musiciens, qui sont vite devenus une dizaine.
Ils formaient un petit collectif dans un quartier très militant, celui de la rue des Caves, un petit peu différent de ce qu’on pouvait connaître généralement puisque c’était un quartier squatté. Un squat qui n’était pas du tout sauvage, mais qui avait quantités de revendications ,. Des revendications sur l’urbanisme par la recherche d’une dimension humaine.
Il y avait un collectif de quartier pour demander la réhabilitions et non la démolition du quartier. Le reste a malheureusement disparu dont Musiques Tangentes puisque aujourd’hui ils sont installés à Chaville et à Malakoff.
Ce qui les préoccupait c’était d’avoir des lieux d’activités, aussi bien économiques que culturelles. De nombreuses activités se sont créées spontanément : un restaurant alternatif, une imprimerie, une coopérative biologique (déjà à l’époque…), un atelier de quartier, une association pour la prévention de la délinquance, une crèche parentale, un journal local …
Enfin c’est surtout le militantisme purement musical qui est la sève de Musiques Tangentes.
Tout cela a donné lieu à un festival, Musique au Havre, à un des premiers salons autour de ces musiques qui s’est déroulé à la Défense, à un disque, Rencontre au Havre, fruit de Phonolithe, une SARL qui tournait autour de Musiques Tangentes pour l’enregistrement et la production discographique.
Aujourd’hui Musiques Tangentes est très impliquée dans les mouvements associatifs fédérateurs, type le réseau 92.
Au début tout était à construire… il a d’abord fallu se structurer, trouver des réponses et faire avancer ce secteur d’activité puisque, derrière leur côté « joyeux lurons », la musique actuelle est un des tout premiers loisirs des Français en termes d’apprentissage, de concerts, et d’achat de disques.
Ce secteur a besoin d’évoluer, d’être pris en compte par les pouvoirs publics car, pour aller plus loin, il doit être pris en compte politiquement.
Musiques Tangentes a aussi eu quelques coups durs dans son histoire mais Musiques Tangentes a survécu …
Les principaux bâtons dans les roues, c’était plus au niveau local. Au niveau national et départemental, on nous a quand même plutôt aidés. Par contre, au niveau local, on nous a vraiment démolis, psychologiquement ça a été extrêmement dur.
Malgré tout cela, Musiques Tangentes a ressuscité, on lui a coupé une tête et elle est revenue comme l’hydre à deux têtes.
Sèvres nous a virés à coups de pieds dans le derrière, et Chaville nous a accueillis à bras ouverts. Leur centre principal est à l’heure actuelle à Malakoff. Musiques Tangentes renaît de ses cendres.
Les adhérents ont été super importants, ce sont eux qui ont été le coeur de la machine, ce n’est pas juste trois illuminés à la direction, mais bien les adhérents qui ont porté à l’époque la problématique. Ils ont voulu à tout prix que Musiques Tangentes continue son activité, quand la direction était presque prête à abandonner.
Et l’avenir ? Il y a toujours des projets et des envies. Des idées un peu nouvelles sont en discussion avec le maire de Chaville, le projet est entièrement à construire et à débattre : peut-être évoluer vers une société coopérative d’intérêt culturel. C’est une idée qui est en train de germer.
Au niveau du département, un dispositif existe, le plan rock, qui a aidé beaucoup de musiciens. Il permet à des groupes ou des musiciens de développer des projets, il y a des aides à la formation, par exemple l’encadrement de groupe, sur lequel on est assez dynamique. Il y a des aides à l’autoproduction, là aussi cela permet à de jeunes musiciens de produire leur album, parce que les débouchés dans les grandes maisons de disques ont toujours été difficiles, mais sont devenus aujourd’hui presque impossibles. Ça a le mérite d’exister, Il reste encore beaucoup de choses à faire et à imaginer.
Un secteur un peu moins connu de Musiques Tangentes qu’on voudrait développer beaucoup plus, c’est le secteur professionnel. Il y a là vraiment un gros problème de moyens et aussi d’idées car des jeunes qui sont dans un système scolaire où ils ne se reconnaissent pas voudraient évoluer vers le secteur musical. Il existe bien des classes à horaires aménagés, ce qui est une idée excellente, mais les musiques actuelles en sont exclues. Ces classes à horaires aménagés, en ce qui concerne la musique, le sont en direction des conservatoires, donc des musiques savantes. Les musiques populaires et les association comme Musiques Tangentes n’y ont pas droit de cité.
On voudrait monter de telles classes, mais aujourd’hui la législation ne le permet guère. De la même manière, pour aller plus loin, on aimerait bien prolonger cet enseignement jusqu’à l’université, comme il existe un enseignement de musicologie, mais qui ne concerne pas exactement ces musiques. Ça, se sont quand même de très gros projets. Il y a un autre projet qu’on a commencé à développer, mais on est un peu bloqué par le manque d’espace, ce sont les résidences ».

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