Fernando, SDF, vivait dans les bois depuis cinq ans. Sa famille, qui l’a reconnu dans un article du Parisien, lui a trouvé un toit ce week-end raconte Jérôme Bernatas dans l'édition de ce matin.
En se réveillant samedi matin, Fernando a senti le parfum des feuilles tombées des arbres et la terre humide du bois de Meudon pour la dernière fois.Cet ancien maçon de 44 ans, originaire deGuimaraes, auPortugal, a quitté ceweekend la tente qui l’abritait depuis cinq ans pour la chaleur d’un deux-pièces à Cergy (Val-d’Oise).
Un appartement déniché et meublé par Carlos, son neveu, qui l’a reconnu en lisant son témoignage dans « le Parisien », le 27 novembre dernier.
Dès 9 heures, ses deux valises bouclées, Fernando attend Carlos. Emu et content, il donne les dernières recommandations à Francis, l’un de ses compagnons d’infortune chargé de prendre soin de son chien Boss. « Surtout ne perd pas son carnet de santé », insiste-t-il. Sur le sentier qui lemène à la voiture, il peste contre la gadoue qui colle aux semelles : « Ça glisse toujours ici quand il a plu ! »
« Cela faisait sept ans que nous n’avions plus de ses nouvelles »
Fernando a trouvé refuge dans le bois en suivant un compatriote qui s’y était déjà installé. A l’époque, il sortait de prison. Il y a fait deux ou trois courts séjours à la suite d’un accident et de bagarres sur fond d’alcool.
« Cela faisait sept ans que nous n’avions plus de ses nouvelles, raconte Carlos, 37 ans, venu avec son beau-frère pour déménager son oncle. Deux jours après avoir lu l’article, nous avons ratissé avec des amis la zone boisée près de la route du Pavé-des-Gardes. Des employés communaux nous ont indiqué l’endroit où mon oncle campait depuis cinq ans. Au départ, il nem’a pas reconnu, car je porte désormais des lunettes. » Le lendemain, Carlos conduit Fernando à Cergy pour des retrouvailles familiales autour d’un copieux déjeuner.
« Il n’avait pas pris un repas à midi depuis cinq ans », se désole-t-il. Fernando n’avait jamais osé appeler ses proches pour leur demander de l’aide. « Pourtant, notre numéro de téléphone n’a pas changé depuis 1981, lâche Carlos. Tout lemonde a donné un coup de main pour lui trouver un toit : ma soeur, son mari, nos relations. »
Fernando, sans poste depuis la fin de son contrat d’insertion dans une entreprise de jardinage il y a un mois, aspire à poursuivre dans cette voie. « Je veux continuer à travailler dans les espaces verts, dit-il. La maçonnerie, c’est très dur… J’ai peur de ne plus avoir assez de forces. » Il lui reste maintenant à s’adapter à sa nouvelle existence. « On est près de lui, rassure Carlos. Une assistante sociale va le suivre à Cergy. Mais il a d’abord besoin de se refaire une santé.On prépare chez nous une cuisine riche. On va le requinquer ! »
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