Les propos ont été recueilis par Nicolas Prissette et Florence Muraciole et publiés dans l'édition de ce jour du Journal du Dimanche.
Cotisations retraite allongées à 41 ans, service minimum en cas de préavis de grève, secrétariat général adjoint de l'UMP... Xavier Bertrand, le ministre du Travail, s'exprime sur les réformes qu'il pilote. L'homme, qui se veut "libéral et social", s'est confié au Journal du Dimanche.
JDD: Les syndicats appellent à manifester jeudi contre la réforme des retraites et le passage à 41 années de cotisation. Que leur répondez-vous?
Xavier Bertrand: Pour garantir notre système de retraite, on ne sait pas faire autrement que de passer à 41 ans. L'espérance de vie est aujourd'hui de 81 ans en moyenne, alors qu'elle n'était que de 75 ans en 1982 avec une retraite à 65 ans. On vit de plus en plus longtemps, les Français le savent bien. Donc il faut travailler un peu plus longtemps.
JDD: François Chérèque, le leader de la CFDT dit que votre réforme est "bâclée". Comment réagissez-vous?
XB: Je sais bien que nous ne sommes pas d'accord sur tout. Ce n'est pas pour autant qu'il faut nier les points d'accord. Nous maintenons le dispositif de départ à la retraite avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes. Cela coûte 2 milliards d'euros par an. C'était une demande syndicale forte. On revalorise les retraites dès septembre et on instaure un mécanisme de garantie du pouvoir d'achat. C'était une demande syndicale. Nous faisons de l'emploi des seniors une priorité, c'était aussi une demande syndicale.
JDD: La réforme des retraites tiendra-t-elle compte de la pénibilité du travail
XB: Cela fait trop longtemps que les discussions sur ce sujet durent. Soit elles aboutissent à un accord, soit, je l'annonce clairement, l'Etat interviendra. Mais les entreprises seront mises à contribution. Je sais que ce dossier n'est pas simple à régler, il semble bloqué depuis trois ans. Mais l'espérance de vie d'un ouvrier est de sept ans inférieure à celle d'un cadre supérieur. On ne peut pas détourner le regard de cette réalité.
JDD: La grève de jeudi va toucher la SNCF. Avec le service minimum déjà mis en place, les trains circuleront-ils?
XB: Grâce au service minimum, on aura une information précise en début de semaine. Les lignes prioritaires seront celles qui permettent aux salariés d'aller travailler. D'ores et déjà, le service minimum a permis de réduire de 30% le nombre de préavis déposés à la SNCF par rapport au début de l'an dernier, et de les diviser par trois à la RATP.
JDD: Nicolas Sarkozy veut imposer aux maires le service minimum à l'école. Il est intervenu le jour même de la grève des fonctionnaires. Est-ce pour ressouder la majorité?
XB: Nous avons un président de terrain, et pas un président déconnecté de l'actualité. C'était normal qu'il s'exprime ce jour-là. N'oublions pas que le Président avait pris cet engagement pendant la campagne: à l'école, le droit d'accueil est indispensable. Plaçons-nous du côté des familles. Comment font celles qui n'ont pas d'aide à domicile, pas de parent ou d'ami disponible pour garder les enfants?
JDD: Vous êtes secrétaire général adjoint de l'UMP, que pensez-vous du fonctionnement de votre parti?
XB: Les petites phrases contre mon camp ce n'est pas mon genre. Le rôle de l'UMP est d'être devant le gouvernement, un laboratoire d'idées. Il doit aussi détecter les nouveaux talents et contribuer à expliquer les réformes qui sont menées. Tout comme les parlementaires doivent jouer un rôle clé dans les réformes, notamment pour le service avant-vote, c'est-à-dire le fait de tester les réformes avant de les voter. Nous devons aujourd'hui être résolument offensifs, nous sommes les seuls à porter le changement que veulent les Français.
JDD: On dit que vous avez de grandes ambitions...
XB: Celle de faire mon travail! Ce que je fais au ministère et au parti me passionne. J'ai des fourmis dans les jambes et j'adore le terrain.
JDD: Certains vous annoncent à Matignon en 2009...
XB: Un parcours à la Laurent Fabius ne m'a jamais impressionné, ni fait rêver. Mais j'assume l'ambition de conjuguer le libéral et le social. Je veux être porteur de réformes et les réussir.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le Journal du Dimanche
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